La semaine passa tranquillement. Tristao et Morgan menaient leur vie de couple. Malgré quelques moqueries venant d’autres lycéens, ils s’en sortaient plutôt bien. Nuno voyait son meilleur ami heureux et ça le rassurait. Leur relation était redevenue aussi complice qu’avant, même si elle n’était plus tout à fait la même. Tristao refusait tout contact physique autre qu’une poignée de main, et il passait le plus clair de son temps avec son nouveau petit ami. Il n’oubliait pas Nuno, loin de là. Mais s’il pouvait de temps en temps faire semblant que rien n’avait changé en présence de son ami, il n’y arriverait pas à longueur de journée. Alors il l’évitait, un peu. Pas trop, pour ne pas éveiller ses soupçons, ni ceux de Morgan, qui acceptait sa situation sans jamais se plaindre. Il était le petit ami parfait. Tristao aurait du tomber amoureux de lui, pas de l’autre. Tout aurait été tellement plus simple.

            Nuno avait conscience qu’ils se voyaient moins qu’avant mais il ne disait rien. Il ne se rendait pas compte que son ami faisait en sorte de l’éviter. Il pensait qu’il voulait passer du temps avec Morgan et il trouvait ça normal. Son meilleur ami lui manquait, mais il ne voulait pas que Tristao perde son sourire, alors il se contentait de profiter des moments qu’il passait avec lui.

            Le samedi matin, Tristao se leva de bonne heure. Il avait invité Morgan à passer le week-end chez lui. Il devait arriver vers midi, alors il lui restait deux bonnes heures devant lui. Il sortait de la douche quand quelqu’un sonna. Ses parents n’étaient pas encore debout, alors il alla ouvrir, vêtu d’une simple serviette autour des hanches.

C’était Nuno.

            - Qu’est-ce que tu fais là ? C’est à peine dix heures ! lui dit Tristao, surpris de le voir aussi tôt.

            - J’me suis dit que j’allais passer te voir avant que Morgan arrive parce que je pense pas que ma présence sera appropriée quand vous serez ensemble. A mon avis, Morgan a d’autres projets pour vous deux, finit-il avec un clin d’œil.

            Tristao rougit sous l’allusion. Il savait parfaitement à quoi s’attendre en invitant Morgan mais il était quand même un peu stressé. Morgan était expérimenté, et même si l’amour qu’il portait à Tristao le mettait parfois en état de faiblesse, il ne se laisserait pas facilement dominer. Il préférait ne pas y penser pour l’instant alors il voulut éviter le sujet.

            - Rentre, tu vas pas rester dehors. Je monte m’habiller, je reviens.

            - Je peux venir ?

            Tristao avait à peine tourné la tête vers l’escalier quand il entendit cette phrase. Il se figea. Naturel, il devait avoir l’air naturel, ne rien montrer. Il ne se retourna pas et répondit, plus sérieux que jamais :

            - Non, je préfère pas.

            Il ne laissa pas à Nuno le temps de répondre et reprit sa marche. Nuno était étonné. Il avait voulu plaisanter. D’habitude, son ami aurait ri avec lui et trouvé une de ses blagues sur eux deux dans une chambre. Il ne devait pas être d’humeur ce matin.

            Nuno le regarda partir. Il remarqua son déhanché sensuel, ses jambes lisses, ses bras musclés, son dos merveilleusement bien sculpté, sa nuque qui ne demandait qu’à être caressée. Son regard s’arrêta sur ses fesses, dissimulées sous la serviette. Il se surprit à imaginer ce qu’il y avait en dessous, à espérer que ce dernier rempart tombe accidentellement. Tristao était beau, indéniablement, et il n’y avait jamais fait attention. Nombre de filles devaient être déçues qu’il soit gay. Par contre, beaucoup de garçons devaient s’en réjouir, même si pour l’instant il était pris.

            Il sortit de ses pensées quand Tristao revint, habillé et souriant. Celui-ci avait pris tout son temps pour pouvoir se calmer et se fabriquer un visage enjoué.

            - Tu peux venir maintenant, j’ai allumé la Play.

            Nuno sourit et suivit son ami à l’étage. Ils jouèrent un moment, comme au bon vieux temps. L’heure passa, et plus l’arrivée de Morgan approchait, plus Tristao fixait son réveil.

            - Calme-toi, lui dit Nuno, doucement. Ca va aller.

            - Je sais pas, j’ai jamais fait ça moi.

            - Tu te rappelles de ta première fois avec une fille Tris’ ?

            - Euh… ouai, c’était avec Caro, c’est ça ?

            - C’est ça. Toute la journée, tu m’avais répété que t’allais pas y arriver, qu’elle te trouverait nul et que ce serait la honte. Au final, tu t’en étais bien sorti et on avait fêté ça. Ce sera pareil cette fois. T’as pas à t’inquiéter.

            - Je sais pas, c’est pas pareil. Avec une fille, t’es sûr d’être au dessus. Avec Morgan, j’en ai aucune idée.

            Tristao rougit en se rendant compte de ce qu’il venait de dire. Il lui avait souvent raconté ses envies et ses ébats sexuels, mais aujourd’hui, tout était différent. Il ne s’attendait pas à la question qui suivit :

            - Tu préfèrerais être au dessus toi ?

            Il devint encore plus cramoisi. Nuno s’en rendit compte et voulut le taquiner, sans imaginer la réaction que son geste pourrait provoquer. Il se jeta sur son ami et se retrouva allongé sur lui, à même le sol.

            - Qu’est-ce que tu fous ?

            - J’me mets sur toi pour que t’imagines ce que ça peut faire d’être dominé par un autre mec. J’ai l’habitude d’être dessus avec Tatiana.

            Tatiana… Il ne montra aucun signe de la haine qu’il éprouvait envers cette fille qui avait ce dont il rêvait. Mais Nuno commença à frotter son bassin contre le sien, en imitant de simples va et vients. Si son ami y paraissait insensible, Tristao n’y était pas indifférent, lui. Il sentait son corps réagir, alors il décida de tout arrêter avant qu’il ne soit trop tard.

            - ARRÊTE !

            - Non, dis-moi ce que ça fait d’abord…

            - DEGAGE ! hurla Tristao, en poussant Nuno pour se relever. SORS D’ICI !

            Tristao était en pleurs et Nuno ne comprenait pas pourquoi. Il n’avait voulu que rassurer son ami, mais apparemment, ça n’avait pas été efficace. C’était même pire. Il s’en voulut d’avoir mis Tristao dans cet état, alors il s’approcha pour le consoler, mais il fut bien vite repoussé.

            - SORS DE CHEZ MOI ! TOUT DE SUITE !

            Voyant qu’il n’arriverait à rien tant qu Tristao serait dans cet état, Nuno sortit de la chambre et descendit les escaliers. Il allait ouvrir la porte d’entrée quand Tristao hurla une dernière fois :

            - JE VEUX PLUS JAMAIS TE VOIR !

xD