Elliot
Deux semaines ont passé,
lentement, simplement. Le jour que j’attendais tout en le redoutant est enfin arrivé. Je suis impatient d’entrevoir ces nouvelles personnes que j’idolâtre. Pourtant, je ne peux m’empêcher
d’essayer de prévoir ma réaction lorsqu’ils apparaîtront devant moi, car j’ai vraiment peur qu’elle ne soit pas appropriée à l’arrivée de simples artistes sur scène.
- Je crois que t’as assez examiné ton jean, tu
peux le poser, dit une voix, me sortant de mes pensées.
Je me tourne vers la personne qui vient de prononcer ces quelques mots. Violette. J’avais presque oublié qu’elle était là. Elle
est arrivée quelques temps après mon retour de l’université, comme tous les mercredis, et je crois que je la mets un peu de côté en ce jour si spécial. J’essaye de lui faire partager ce que je
ressens, mais je n’y arrive pas, et je me plonge dans un monde qui n’appartient qu’à moi.
Le disque des Lost
Justice tourne en boucle dans mon lecteur depuis plusieurs heures et je ne m’en lasse pas. A présent, je connais les paroles et les mélodies par cœur. Je suis devenu en quelques jours ce qu’avant
je méprisais. Un fan excité à l’idée d’aller au concert du groupe qu’il adule. Je sais aussi dans quel état je serai pendant le concert. Hystérique, ce trait de caractère que je déteste tant chez
d’autres.
Actuellement, j’en suis à choisir ma tenue pour la soirée, et j’y réfléchis depuis déjà plusieurs dizaines de minutes. J’ai choisi
sans hésiter mon t-shirt blanc près du corps orné de carrés argentés qui, au final, forment une guitare. C’est un de mes préférés et je le porte souvent lorsque je vais à un concert. Par contre,
je cherche toujours un pantalon qui serait assorti à mon haut. Violette me regarde faire, dubitative, mais elle ne fait pas de remarques, à part celle sur le fait que je tiens un jean dans mes
mains et que je le fixe depuis plusieurs minutes. Elle n’a pas tort, alors je le remets à sa place dans mon armoire, car il ne me convient pas. J’observe un moment ma pile de pantalons, et je
finis par en trouver un qui me semble convenable. Un simple jean bleu ciel taille basse, tombant droit. J’attrape un boxer blanc dans un tiroir et je pose ma tenue complète sur le
lit.
Violette examine le tout
et j’attends son avis. Il n’est pas si important, mais si elle approuve mon choix, ça ne sera que positif. Après seulement quelques secondes de réflexion, elle hoche la tête pour me montrer son
accord. Je souris et je l’embrasse tendrement, puis je commence à me changer. Je ne suis pas pudique devant elle. Depuis deux ans, elle connaît mon corps mieux que quiconque, alors je n’ai pas
besoin de me cacher. Assise sur mon lit, elle ne fait même pas attention à moi lorsque je suis nu. Elle sait dans quel état d’esprit je suis. Sa présence ne me gêne pas lorsque je me déshabille,
mais je n’apprécierais pas non plus que son regard reste accroché à ma peau dénudée.
Alors que j’ai enfile
mon pantalon et que je suis torse nu, elle s’allonge tranquillement sur le dos, les bras croisés en arrière et la tête posée dessus. Elle ferme les yeux, et je l’entends parler du concert. Elle
me dit de faire attention, de pas faire de bêtises. Elle sourit en disant cela, car elle est certaine que je n’en ferai pas, du moins pas au sens où elle l’entend. Jamais lui être infidèle ne m’a
traversé l’esprit. Je n’ai jamais été sérieusement tenté de la tromper, et c’est le cas aussi pour elle. Elle déblatère diverses théories sur notre couple, comme elle se plaît à le faire quand
elle n’a rien d’autre à dire, mais déjà, je ne l’écoute plus. J’ai fini de m’habiller, et je m’observe dans la glace. La musique résonnant dans ma chambre m’emporte à nouveau, et j’oublie tout ce
qui m’entoure. Je sors de ma torpeur quand le son est brusquement coupé. Je me retourne, énervé, croyant que Violette a arrêté le disque sans ma permission, mais ce n’est pas ce qui vient de se
passer. Elle est toujours allongée sur le lit, et ma mère est entrée dans ma chambre. Je ne l’ai même pas entendue arriver. Si elle a agi ainsi, elle doit avoir quelque chose à me
dire.
- Si tu veux y aller en avance, il serait temps
que tu partes, me dit-elle, d’une voix douce et encourageante.
Elle sort de la pièce sans que je n’aie le temps de répondre. Je jette un coup d’œil à mon réveil. En effet, je vais bientôt y
aller. Le concert est programmé a vingt heures, et il n’est que seize heures, mais je veux partir tôt, car j’espère me retrouver debout le plus près possible de la scène, et pour y arriver, je
dois être dans les premiers. Je vais à la salle de bains pour me donner un dernier coup de peigne, puis je mets mes Converse blanches. J’enfile mon gilet à capuche bleu foncé, et j’attrape mon
portefeuille, ma place et mon portable, que je range dans les poches de mon pantalon.
Violette se rend compte
qu’il y a du mouvement autour d’elle, alors elle ouvre les yeux. Elle me découvre fin prêt et elle se lève. Heureusement, elle n’a pas remarqué je l’avais complètement oubliée, car si ça avait
été le cas, je n’aurais pas su comment lui expliquer ma conduite incompréhensible. Elle prend ma main dans la sienne, et nous sortons ensemble de l’appartement, après avoir salué ma mère, qui n’a
pu évité de me faire une liste interminable de recommandations. Devant la porte de l’immeuble, nous nous séparons en échangeant un dernier baiser passionné. Elle me dit qu’elle passera me voir le
lendemain, et je la regarde s’éloigner, puis je marche jusqu’à ma voiture. Je parcours calmement les quelques kilomètres qui me séparent de la salle de concert. La tension monte, mais je parviens
encore à rester maître de moi-même. Je n’ai pas les mains qui tremblent ou la sueur qui perle sur le front. Aucun signe inquiétant ne vient troubler mon trajet et j’arrive à destination,
satisfait et soulagé.
Je me gare, puis je vais
faire la queue derrière quelques personnes déjà présentes. Apparemment, les membres de la sécurité sont en train d’ouvrir les portes et on va pouvoir entrer. La file dans laquelle je suis
commence à avancer, et très vite, je me retrouve à l’intérieur. La salle est encore vide, mais j’imagine déjà toute l’aura du groupe sur le public. Impatient plus que jamais, je n’hésite pas une
seule seconde, et je me dirige vers la scène. Je reste au bord, décidé à ne pas bouger pendant plusieurs heures. Je ne veux pas perdre ma place. Je veux pouvoir voir les différents membres de
près, être enivré par leur musique. N’ayant rien d’autre à faire, je m’accoude à la scène, et j’attends, observant ce décor vide de toute présence humaine qui sera bientôt transcendé par un
groupe hors du commun.
Lynel
Debout en coulisse, je
peux entendre le public scander nos noms. Aucun membre n’est plus populaire qu’un autre. Au début, cela nous a étonné, car souvent, le chanteur a plus de renommée, mais finalement, cette
situation nous satisfait totalement. Nous sommes reconnus en tant que groupe, et les qualités personnelles de chacun sont reconnues à leur juste valeur sans pour autant être
comparées.
Une dernière fois, je
baisse la tête et je ferme les yeux pour me concentrer, oublier tout ce qui pourrait me pousser à faire une mauvaise prestation. Mes quatre camarades font la même chose, même si les façons de
faire varient d’une personne à l’autre. Quand nous sommes prêts, nous montons trois marches, et nous nous retrouvons sur scène, une fois de plus. Il fait encore noir, nos fans ne peuvent pas nous
voir, mais ils savent qu’on est là, car ils hurlent plus fort. Lorsque la lumière nous éclaire, on n’entend plus rien d’autre qu’un brouhaha assourdissant. Ils doivent vouloir dire quelque chose,
mais ils sont si nombreux que tout se mêle et on ne comprend rien. Sidi les remercie quand même pour leur accueil, puis nous nous mettons en place. Je m’assois derrière ma batterie, d’un côté de
la scène, et Diane est à mon opposé, debout derrière son piano. Mody et Joris se font face, l’un avec sa guitare, l’autre avec sa basse, à quelques centimètres des mains tendues du public, et
Sidi est debout entre eux deux, un micro à la main.
Il se met à chanter, et
nos fans l’accompagnent. On commence toujours par une mélodie plus douce, pour terminer par des chansons aux rythmes effrénés. Pour l’instant, je n’ai pas grand-chose à faire, simplement un
battement régulier. Il est très dur de discerner le visage des spectateurs, car ils sont majoritairement plongés dans le noir. Seuls ceux qui sont au bord de la scène sont visibles, et mes yeux
se posent alors sur celui d’un jeune homme blond qui me fixe sans ciller. Aucune émotion ne transparaît sur son visage, alors je n’y fais d’avord pas attention. Je remarque simplement qu’il est
assez beau. Ses cheveux en bataille lui donnent un air négligé, mais sa peau a l’air douce et soignée. Ses yeux sont d’un bleu si clair qu’ils en seraient presque transparents et lui donnent un
charme tout à fait original, contrastant avec son apparence simple et plutôt banale.
Après cette inspection
minutieuse d’un parfait inconnu, je me replonge dans ma partition. Notre première chanson est bientôt terminée, et Sidi tend son micro vers le public pour qu’il en fredonne les dernières paroles.
Je me mets moi-même à le faire entre mes lèvres, discrètement pour ne pas qu’on m’entende. Mon micro est allumé, car parfois on fait les refrains tous ensemble, alors je dois faire attention. Je
me tais quand je sens à nouveau posé sur moi le regard insistant du jeune homme que j’ai observé quelques minutes plus tôt. J’essaye de plonger mes yeux dans les siens pour le déstabiliser, mais
je suis le premier à être gêné par ce contact visuel.
Soudain, Sidi se met à
chanter notre seconde chanson. Where are you ? La mélodie est encore douce et lente, même si le rythme est un peu plus enjoué que pour la
précédente. Je jour de mon instrument, aussi à l’aise qu’un poisson dans l’eau. Cette chanson, c’est moi qui l’ai écrite, et les paroles ont une signification particulière dont je ne saisis pas
encore le rapport avec le jeune inconnu. Pourtant, je ne peux pas m’empêcher de le fixer à chaque phrase que mon ami prononce. Elles ne concernent pas ce garçon blond, elles ne concernent que
moi, mais mon regard s’est accroché à lui, et je ne peux plus le lâcher, sans raison, sans définition.
I wait and I hope for
you
I know you’re somewhere
around me
Trust me one day I’ll find
you
That’s how it’s supposed
to be
J’attends et j’espère te voir
arriver
Je sais que tu es quelque part autour de
moi
Crois moi, un jour je te
trouverai
C’est ce qui est censé
arriver
My life is a gloomy
mess
I really wish I could
forget
You must come to help me
move on
I need you, my new
love.
Ma vie est un bordel
nuageux
J’aimerais vraiment
oublier
Tu dois venir m’aider à tourner la
page
J’ai besoin de toi, mon nouvel
amour
La fin de la chanson
arrive, mais j’observe toujours ce garçon qui m’intrigue à présent. Son charme m’intrigue, l’effet qu’il a sur moi aussi. Jamais je n’ai pu destiner les paroles de cette chanson à quelqu’un en
particulier. J’ai simplement écrit un appel, à la fois demande d’espoir et cri de désespoir. Cette soirée promet d’être inoubliable, car au fond de moi, j’ai l’impression de prononcer ces mots et
d’en envoyer certains au jeune homme présent à quelques mètres de moi. Il ne peut être mon nouvel amour, pas si soudainement, mais peut-être peut-il m’aider. M’aider à sortir du bordel nuageux
dans lequel je me suis plongé depuis plusieurs années. Oublier, je ne le pourrai pas, mais tourner la page, je le dois. Il est temps, et il est peut-être l’ange gardien que j’attends depuis si
longtemps.
Il est si calme par
rapport aux autres fans. Il ne crie pas, il ne bouge pas dans tous les sens. Il est simplement accoudé à la scène et il nous regarde. Il est différent, et personne n’ose le déloger de sa place.
J’essaye néanmoins de me défaire de l’emprise qu’il a sur moi, et le concert se passe aussi bien que d’habitude. Quand je sors de scène, je suis exténué, mais je regarde une dernière fois cet
homme si troublant. Je me rends alors compte que je ne le reverrai sûrement jamais et cette pensée m’attriste. J’avais tout précipité. En quelques secondes, j’avais cru qu’il pourrait m’aider,
mais je n’avais pas imaginé qu’il disparaîtrait si vite. C’est perturbé et déçu que je regagne ma loge, dans laquelle le groupe est déjà réuni. On discute un moment, et je tente de cacher mes
émotions, car je ne veux pas qu’ils s’inquiètent, surtout Mody, qui remarque le moindre changement d’humeur chez moi.
Comme d’habitude, je
sors en dernier, après m’être changé seul, et je retrouve les autres membres dans le hall. Quelques fans nous attendent dehors pour une séance d’autographes et une distribution de posters
gratuits. Je suis en général très enthousiaste car j’aime satisfaire les personnes qui m’apprécient, mais ce soir, je ne suis pas vraiment d’humeur à signer des bouts de papier. Je tente de faire
un effort, mais tout le monde remarque ma mauvaise volonté. Je lance un sourire triste à mon frère qui m’observe, voulant comprendre ce qui ne va pas.
Un poster de plus se
retrouve sous mon nez, et je m’efforce de prendre le stylo qu’un énième fan me tend. Au moins, celui-là a amené sa propre affiche, on n’a pas besoin de lui en donner une. Je lève la tête pour lui
demander son prénom afin de lui offrir une dédicace digne de ce nom, mais les mots restent bloqués au fond de ma gorge lorsque je me rends compte qu’il s’agit du jeune inconnu en qui je fondais
tant d’espoirs quelques instants plus tôt. Son attitude assez particulière. Il a l’air à la fois ravi et honteux d’avoir été reconnu. Je ne cherche pas à comprendre pourquoi, et je pose enfin la
pointe de mon stylo sur son poster. Je griffonne quelques mots, avant d’écrire mon numéro, en dissimulant ce détail comme je le peux, pour éviter les crises de jalousie et d’hystérie des autres
personnes présentes. Je lui souris une dernière fois, et je le vois rougir, de gêne sûrement. Il part précipitamment, et la séance d’autographes se termine pour moi bien mieux qu’elle n’a
commencé, pour le plus grand soulagement de mes amis, qui retrouvent alors leur joie de vivre innée. Maintenant, j’espère simplement qu’il va m’appeler.
***
Je sais, j'avais dit que je publierais une suite avant la fin de la semaine, mais comme par hasard, Internet Explorer a complètement planté pendant tout le week-end. Ce n'est pas si grave pour
moi, car j'ai eu quelques jours assez chargés et fatigants, mais ce n'est pas sympa pour vous, alors désolé pour ce petit retard! Je vais essayer de reprendre le rythme d'une ou deux publications
par semaine, mais ça ne va pas être facile! Je vous tiens au courant^^
Il ne se passe pas grand chose dans ce chapitre. Disons que c'est un peu une transition avec la suite et qu'il était nécessaire de passer par là!
Bisous à tous!
***
Merci pour tous ces compliments! Ravie que mon histoire te plaise^^
A très vite pour la suite
Un peu de musique, un peu de mystère et le tour est joué lol, j'espère que la suite te plaira, elle arrive bientôt.
La redondance, je ne supporte pas, alors je ne le fais pas XD
Grooos bisous!
A très vite j'espère!
Bisouus!
Appel ou pas appel? Réponse au prochain chapitre hihi
Va travailler en attendant XD
Bisouuus
C'est dingue quand j'imagine que cette histoire est plus ou moins inspirée de ma vie lol, sauf que je l'ai pas rencontré moi sniiiiifffff :(
Heureusement que tu es là pour me remonter le moral lol, vivement lundi (non, l'émission, c'est Vivement dimanche XD).On va encore passer des moments cultes ensemble!
Grooos bisous ma loulou