Elliot
- Ca s’est bien passé aujourd’hui,
chéri ?
- Oh, oui, comme tous les jours, la fac
quoi…
Il est dix-huit heures trente-cinq. Je rentre de l’université, et ma mère me pose encore une fois la même question, comme tous les
jours quand j’arrive à la maison. Répondant au doux nom de Carine, elle est très protectrice envers moi, sans pour autant aller jusqu’à me harceler de coups de téléphones lorsque j’ai quelques
minutes de retard. Elle vient d’avoir quarante-cinq ans, mais elle en parait dix de moins, malgré les difficultés traversées. Elle prend attentivement soin d’elle, car elle ne désespère pas de
trouver un homme voulant partager sa vie. De plus, elle travaille dans un cabinet esthétique, dont elle est la patronne, alors elle ne peut pas se permettre de négliger son apparence. De temps en
temps, elle accepte de masser certaines clientes, mais c’est assez exceptionnel. Le plus souvent, elle s’occupe des comptes, des commandes ou de l’accueil de la clientèle, ainsi que du carnet de
rendez-vous. Quand il n’y a personne au cabinet, tous les appels sont renvoyés sur son téléphone portable. Elle est très active, et ses deux employées ne s’en plaignent pas, ravies d’avoir une
patronne qui participe autant et qui ne se sente pas supérieure à elles. Elle sait apprécier leur travail. Je suis fière d’elle, et entre nous, on parle de tout, ou presque. Elle est
merveilleuse.
Quant à moi, je m’appelle Elliot. J’ai dix-neuf ans depuis presque deux mois. Depuis quelques jours, j'ai commencé ma deuxième
année en tant qu’étudiant d’anglais à l’université, après avoir réussi la première avec brio. Je n’ai pas d’idée précise sur ce que je veux faire, mais l’anglais a toujours été ma passion, et
pour l’instant, ça me plaît d’étudier la littérature et les diverses civilisations anglophones. Je verrai plus tard si ça me servira à quelque chose.
On est mardi, et c’est ma journée la plus remplie. J’ai eu huit heures de cours, et il ne m’en reste plus que trois le lendemain
pour finir ma semaine, car lundi, j’en ai déjà eu cinq. Epuisé par ma longue journée, je m’affale sur le canapé, après avoir allumé le téléviseur, sans savoir ce qui m’attend. Ma mère ne me blâme
pas. Elle a l’habitude que j’agisse ainsi, le temps d’arriver et de me reposer un peu. En même temps, elle prépare le repas, puis nous mangeons en tête à tête, nous discutons, nous
rions.
Je l’observe de là où je suis. Je la vois dans la cuisine, affairée à rassembler les ingrédients pour une de ses succulentes
recettes. Si je préfère rester vivre avec elle, c’est parce que l’université est à côté, mais aussi parce que j’adore ce qu’elle fait à manger. Si j’étais seul, ce serait certainement moins bon.
Sentant mon regard posé sur la pile d’aliments qui s’entassent sur la table, elle se tourne vers moi, et elle me sourit.
- Je t’ai vu, gros gourmand. Attends un peu avant
de tout dévorer, me dit-elle en riant légèrement.
Je lui renvoie son sourire, puis mes yeux se concentrent à nouveau sur les images qui défilent dans l’écran en face de moi. A
cette heure-là, il n’y a pas grand-chose à regarder : des jeux, des magazines soit disant d’actualité, des émissions stupides de télé réalité. Je le sais, mais je ne peux m’empêcher
d’allumer le poste, car c’est un bruit de fond qui m’apaise, peu importe le contenu. Il m’arrive de suivre la chaîne sur laquelle je suis restée, mais c’est assez rare. En général, je ferme les
yeux, et je somnole, bercé par les paroles des présentateurs, jusqu’à ce que ma mère me tape doucement sur l’épaule pour me signaler que le repas est prêt.
Aujourd’hui, je suis encore assis en tailleur, je n’en suis même pas à l’étape « yeux fermés ». Je zappe et je zappe,
faisant souffrir ma pauvre télécommande, comme j’ai l’habitude de le faire, au cas où je tomberais sur un programme intéressant, sait-on jamais. Il n’y a pas de miracle. Le paysage virtuel est
envahi de déchets virtuels nocifs pour la santé, et je ne veux pas finir demeuré. Je m’attarde quelques secondes sur K-Nal 2, avant de continuer ma route, mais j’ai à peine appuyé sur le bouton d’une autre chaîne, que déjà, je reviens sur K-Nal 2. Je ne l’ai vu que quelques secondes, mais elles furent de
trop.
A l’écran, un concert est diffusé, en direct. C’est un groupe que j’ai quelques fois entendu, sans jamais y faire vraiment
attention. Les Lost Justice. C’est un drôle de nom, mais c’est la mode de tout angliciser. Leur musique est assez agréable. Ils jouent plutôt du rock, mais parfois, ils entraînent le public dans
une ballade reposante, notamment grâce au doux son d’un clavier. Je n’arrive pas à détacher mes yeux de l’image, et je me surprends moi-même. Ma mère n’ose pas me déranger tellement j’ai l’air
concentré et passionné par ce que je regarde, pour une fois. Je sursaute quand je sens sa main sur mon épaule.
- Eh ben, ce groupe te fait de l’effet, mon
poussin.
Elle ne croit pas si bien dire. Honteux, je la laisse se diriger vers la cuisine, puis je me lève. J’éteins le poste, alors que le
concert est terminé, puis je la rejoins discrètement, en profitant qu’elle soit de dos pour m’asseoir. Quand elle se retourne, elle me regarde d’une étrange façon.
- Ca va pas ? Me
demande-t-elle.
Je baisse la tête, sentant le rouge me monter aux joues, mais je ne dis rien, et elle n’insiste pas. Je ne sais pas quoi dire. Je
ne comprends pas moi-même ce qui m’est arrivé. Le corps humain a parfois des réactions étranges, car si je le contrôlais, je ne me retrouverais certainement pas avec un début
d’érection.
Lynel
Notre premier concert se termine, et nous en ressortons épuisés, mais satisfaits. Nous sommes passés à la télé, car notre manager
pensait que ce serait une bonne idée pour mieux nous lancer. Notre album a eu tellement de succès qu’on n'a rien vu arriver. Il s’occupe de tout, et il le fait bien. Heureusement, car nous, on
est totalement perdu. C’est un monde nouveau. Alors qu’on jouait simplement pour s’amuser, on est maintenant parmi les plus célèbres groupes français du moment. J’ai encore du mal à y croire, et
j’en profite chaque jour.
Je marche jusqu’à notre loge, seul. Les autres y sont déjà, pas moi. J’aime rester quelques minutes derrière la scène et écouter
le public scander notre nom, nous applaudir sans relâche, jusqu’à ce que la salle se vide. Je leur ai lancés mes baguettes, et ça n’a fait qu’accroître leurs cris. Dans le couloir, je croise Mody
et Sidi qui se pelotent, pour changer. Un sourire prend place sur mes lèvres. Je repense à nos débuts, à notre première rencontre avec notre, à l’époque, futur producteur.
*Flash-back*
- Bonjour, jeunes gens, dit un bel homme, la
quarantaine passée.
- Bonjour, répondirent les quatre garçons qu’il
venait de faire entrer chez lui, dont je faisais partie.
- Je suppose que vous savez pourquoi vous êtes
là. Ma fille m’a beaucoup parlé de vous, déclara-t-il, en désignant la jeune femme élancée qui se trouvait à ses côtés.
- Diane nous a pas dit grand-chose, intervint
Sidi. Elle a dit que ce serait une surprise.
- C’est tout elle, ça. Je vais pas faire durer le
suspens plus longtemps. Je vous ai entendu jouer, quand vous êtes venus à la maison pour fêter ses vingt ans, et j’ai beaucoup aimé votre musique. Je suis producteur, et je suis prêt à vous
lancer dans le grand bain.
Cette déclaration laissa place à un gros silence. On se regarda tous les quatre, stupéfaits, puis on se tourna tous vers
Diane. Elle ne dit rien, mais elle nous offrit son plus beau sourire, et nous avions beau rester silencieux, nous étions déjà convaincus. Nous savions ce que nous allios
répondre à cette offre.
- Allons-y alors, lança Sidi, très enthousiaste,
se faisant porte-parole du groupe.
- J’ai une chose importante à vous dire d’abord.
Je connais pas votre vie privée, à part celle de Joris, vu que ça concerne aussi ma fille. Je préfère autant vous dire qu’un couple dans un groupe, c’est pas l’idéal. Les gens doivent croire que
vous êtes célibataires. Ils vont se faire une idée de vous, vous allez devenir leurs idoles, et rien ne devra briser cette image, surtout pas une relation amoureuse.
Sidi perdit aussitôt son sourire. S’il devait se cacher pour devenir célèbre, il préférait autant rester inconnu. Il tourna les
talons, et se dirigea vers la porte d’entrée, espérant une réaction de son bien-aimé. Il fut surpris d’entendre ma voix s’élever, car je réagissais rarement pour contredire quelqu’un. De
plus, je n’étais pas concerné par ce que l’homme venait de dire, car j'étais célibataire.
- Que les choses soient claires, monsieur.
J’apprécie énormément l’offre que vous nous faites, mais votre condition ne nous plaît pas. Il y a deux couples dans ce groupe, et le public le saura, peu importe les conséquences. Nous serons
honnêtes, dès le début, et la gloire arrivera, ou pas. Sidi et Mody sont ensemble depuis cinq ans, alors je ne crois pas qu’ils acceptent de se voir en cachette. Quant à votre fille, elle sort
avec mon frère depuis six mois. C’est peu, mais c’est suffisant pour qu’ils ne veuillent pas gâcher leur histoire. C’est à prendre ou à laisser.
Tous les regards s'étaient posés sur moi, même Sidi s’était retourné. J'avais fini de parler, mais les autres me fixaient
toujours, ébahis. Après ma longue tirade, j'attendais une réponse.
- J’aime ton franc parler, p’tit gars, finit par
dire le producteur. Je prends, et advienne que pourra.
On se serra tous la main, ravis de s’être mis d’accord. Notre carrière commençait.
*Fin du flash-back*
C’était il y a un an. Nous avons préparé notre album, dans l’ombre, puis le disque est sorti il y a six mois. Les gens ont aimé,
alors on a été demandé pour de plus en plus d’interviews. Dès les premières questions, on a mis les choses au point. On a annoncé qu’il y avait deux couples dans le groupe, et que j’étais le seul
célibataire. Les journalistes ont souvent voulu savoir si cette situation n’était pas trop dure pour moi, et je leur répétais toujours la même chose. Je n’ai pas envie d’une relation stable pour
l’instant, et je suis heureux ainsi, entouré des personnes qui me sont le plus chères, peu m’importe qu’elles soient toutes en couples. Je ne me sens pas à l’écart du tout. Je m’y suis
habitué.
Le temps de tout ressasser, je me retrouve devant la loge. Je souris encore en voyant l’affiche « Lost Justice » sur la
porte. Décidément, je ne me fais toujours pas à l’idée. J’aurais jamais imaginé le nom de mon groupe marqué ici, dans ma ville. Je suis souvent venu en tant que spectateur, et maintenant, c’est
moi qu’on vient voir. Je pose ma main sur la poignée et je l’abaisse. Je pousse la porte, et deux paires d’yeux se posent sur moi.
Je leur fais un signe de la main, pour leu faire comprendre de continuer et de ne pas faire attention à moi, puis je marche
jusqu’à mon sac. J’en tire une bouteille d’eau. Je viens d’en vider une, mais j’ai encore soif. Ce soir, j’ai tout donné, alors j’en peux plus. D’ailleurs, il faudrait aussi que je me change, car
mes vêtements puent la transpiration. Je me retourne pour m’excuser, et demander aux deux autres de sortir, car j’aimerais me changer, mais Diane a disparu. Je ne l’ai pas entendu partir, et je
me retrouve face à face avec mon frère.
- J’suis désolé Jo’, je lui lance.
- T’inquiète pas, j’aurai le temps de la voir
plus tard. Ca va toi ? T’as l’air crevé.
- Tu m’étonnes. Je frappais tellement fort sur ma
batterie que j’aurais pu la démonter !
- Fais attention, p’tit frère. Abîme pas trop ton
joujou. Ca coûte cher ce genre de choses !
On rit un moment, puis il passe une main chaleureuse dans mes cheveux.
- Je t’attends devant la machine à café. On
rentre ensemble ?
- D’accord. Je me dépêche.
Il s’en va, et je peux enfin me déshabiller. Nous vivons ensemble, alors il sait que je n’aime pas qu’on me voit dénudé. Quand
j’ai eu dix-huit ans, j’ai quitté le domicile familial. Je m’entends bien avec mes parents, mais j’avais besoin d’indépendance, et ils ont consenti à m’en donner. Au début, ils payaient la moitié
de mon loyer, pour m’aider, et je payais l’autre moitié grâce aux petits boulots que je trouvais, en parallèle avec mes études de sociologie, que j’ai arrêtées quand l’écriture de l’album a
commencé, une maîtrise en poche.
Depuis quatre ans, Joris s’est installé avec moi, et notre complicité fraternelle s’est renforcée. Diane vit toujours chez son
père, car elle n’a que vingt et un ans, alors que j’en ai vingt-trois et mon frère vingt-sept. Mody et Sidi habitent ensemble depuis longtemps déjà. Mody a le même âge que moi, et son petit ami
est son aîné d’un an seulement. Ils sont jeunes, mais ils sont persuadés d’avoir trouvé l’homme de leur vie. Leur relation tient depuis six ans, alors on ne peut que les croire.
Je connais Mody depuis
le collège. Pendant toute notre scolarité, on s’est retrouvé dans la même classe. Il est devenu mon meilleur ami, et c’est en seconde qu’on a rencontré Sidi. On a de suite formé un trio infernal,
et rien n’aurait pu nous séparer. Aujourd’hui, on est toujours là, et depuis la terminale, mes deux meilleurs potes sortent ensemble. Je ne l’aurais jamais cru, mais il ne faut jamais se fier aux
apparences.
***
Je m'en vais pendant 4 jours, et je vous laisse cette suite.
Vous avez tout votre temps pour la lire, ainsi que les précédentes^^
J'espère que cette nouvelle histoire vous plaira, et que vous êtes
toujours là, même si PLV est finie lol
Bisous à tout le monde.
Lov'u
***
J'espère que la suite te plaira tout autant
Je vais pas les faire souffir, roooo c'est quoi cette idée préconcue sur moi XD
Bisousss
J'espère que la suite te plaira^^
Toi aussitu vas me manquer, mais je reviens vite^^
La suite arrivera la semaine prochaine, mais je sais pas quand! Entre le boulot et tout T_T
Grooos bisous ma loulou, te gratte pas trop XD